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Temps de lecture : 4 minutes
Les premier(e)s musulman(e)s en Europe
Durant les années 640, le gouverneur que le Calife Omar à nommer à Damas, le grand Muawiya, homme politique exceptionnel, décide de construire une flotte pour lancer une première expédition maritime en direction de l’Europe, et de Chypre plus particulièrement.
C’est donc sur cette île, située en mer Méditerranée, que commence l’Histoire des Musulman(e)s d’Europe(s). C’est donc une histoire ancienne. Depuis cette première expédition, en 640, soit quelques années seulement après la mort du Prophète (632) et jusqu’à aujourd’hui, il y a toujours eu des Musulmans en Europe que ce soit à Chypre, dans la péninsule ibérique, en Sicile, dans les Balkans en Bosnie, …
Oum Harram, une tante du Prophète ﷺ, participe à ce premier voyage avec d’autres Grands Compagnons du Prophète tel qu’Ubadah bin Samit, son mari. Malgré son âge, certainement plus de 80 ans, elle vogue en direction de l’Europe non pas en tant que combattante mais plutôt pour partager sa Foi avec les Européens, pour partager l’Islam. Oum Harram symbolise cette période particulière que les historiens musulmans appellent les Libérations ou « El Futuhat » en arabe. On est très loin de l’image caricaturale de cavaliers « sarrasins » pillant les Églises.
UNE FLOTTE CHRÉTIENNE :
Muawiya, Oum Harram et les autres Musulmans n’ont, avant cette expédition, très certainement jamais vu la mer. Les Arabes sont pour la plupart des nomades, vivants dans le désert. Pour réussir à bâtir une nouvelle flotte et à naviguer jusqu’à Chypre, ils font faire appel à des artisans et à des marins avant tout chrétiens.
Certains d’entre eux sont animés dans un désir de se libérer définitivement de l’Empire Byzantin qui n’a pas hésité à persécuter d’autres chrétiens qui ne partageait pas les mêmes croyances que l’empereur.
Ainsi si certains décrivent les « Libérations » ou conquêtes des armées arabo-musulmanes comme un conflit entre religions : Christianisme contre Islam, ou un clash entre Civilisations : Orient contre Occident, la réalité historique est tout autre. Si ces « Libérations » furent aussi fulgurantes, c’est en partie grâce aux soutiens ou parfois juste à l’inaction des populations chrétiennes.
UN SYMBOLE DE COEXISTENCE
On rapporte que lors du débarquement à Chypre, le cheval d’Oum Harram s’agite, elle tombe et se blesse gravement. Quelques temps après, elle meurt de ses blessures à proximité de Larnaca, une ville située sur la côte est de l’ile de Chypre.
Oum Harram est certainement une des premières musulmanes à être enterrée en Europe.
Quelques siècles plus tard, l’île de Chypre rentre dans le giron du puissant Empire Ottoman. On identifie alors la tombe d’Oum Harram vers 1571 et on construit progressivement tous un ensemble architectural avec une mosquée, un minaret, des logements, une fontaine, une citerne d’eau, un cimetière, …
Aujourd’hui on peut visiter ce site appelé : HALA SULTAN TEKKE, la Mosquée d’Oum Harram, la tante du Prophète. C’est une Merveille à visiter. L’État de Chypre a entrepris des démarches pour que ce monument puisse être reconnu comme Patrimoine mondial par l’UNESCO afin qu’on n’oublie pas que dans ce bout d’Europe pendant plusieurs siècles, Musulmans et Chrétiens ont vécu ensemble …
Mouad AZZA
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